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OP-ED Ensemble pour elle : Lorsque les filles sont entendues, des communautés entières s'élèvent
17 juin 2025
Déclaration commune de la Banque Mondiale et du Fonds des Nations Unies pour la Population, UNFPA
Par Mme Eleonora Cavagnero, Chef du Projet SWEDD+ à la Banque Mondiale, et Dr Nafissatou Diop, Directrice du Projet SWEDD+ au Bureau Régional Afrique de l'Ouest et Centrale du Fonds des Nations Unies pour la population, UNFPA
16 juin 2025 - En cette Journée de l’Enfant Africain, nous célébrons la résilience, la force et le potentiel des filles d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Mais cette journée est aussi l’occasion de regarder en face les obstacles persistants qui freinent encore trop de parcours de filles adolescentes et de femmes : les mariages précoces, l’abandon scolaire, les violences basées sur le genre, l’accès restreint aux services de santé reproductive, et les inégalités d’accès à l’emploi.
C’est pourquoi cette journée ne doit pas seulement être un moment de réflexion, mais aussi un temps fort d’engagement renouvelé. Le lancement de la campagne Ensemble pour Elle, porté par la Banque mondiale et l’UNFPA, constitue un appel régional à l’action. Cette initiative rassemble gouvernements, communautés et partenaires autour d’une mission commune : garantir à chaque fille la possibilité non seulement de survivre, mais de s’épanouir pleinement. À travers la mobilisation citoyenne, la couverture médiatique et le dialogue politique, la campagne vise à défendre les droits des filles, à encourager la participation communautaire, à renforcer la sensibilisation et à soutenir les leaders engagés dans le changement.
Aujourd’hui, des adolescentes comme Kadiatou, en Guinée, nous rappellent ce que l’espoir et le soutien peuvent rendre possible. Mariée de force à 15 ans, Kadiatou a été contrainte d’interrompre sa scolarité, perdant une part essentielle de sa liberté et de ses rêves. Pourtant, grâce à l’appui du programme SWEDD, elle a pu reprendre le contrôle de son avenir. Elle est retournée à l’école et aspire désormais à devenir sage-femme. Son parcours illustre avec force ce qui se produit lorsqu’on investit en faveur de l’autonomisation des adolescentes : une transformation personnelle porteuse d’espoir et d’aspiration, mais aussi un moteur puissant de progrès social et économique pour toute la communauté et le pays.
Dans toute la région, le programme d’Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel" (SWEDD), lancé en 2015, incarne une approche pionnière et multisectorielle, visant à s'attaquer aux causes profondes de l'inégalité entre hommes et femmes et à débloquer le dividende démographique au Sahel. Couvrant initialement neuf pays, le projet a pris de l'ampleur et de l'ambition au cours des années. Aujourd'hui, le projet SWEDD+ (Autonomisation des femmes et dividende démographique en Afrique subsaharienne) comprend 4 pays SWEDD originaux (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie) et en accueille de nouveaux : La Gambie, le Sénégal et le Togo, pour un investissement total de 460 millions de dollars.
SWEDD+ est bien plus qu'un simple projet, c'est une plateforme de changement. Opérant dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'autonomisation économique, et impliquant les familles, les communautés et les chefs religieux, il offre un modèle qui modifie les normes de genre néfastes pour favoriser le développement de normes transformatrices de genre.
Les données du projet SWEDD témoignent d’un succès marquant, attestant du progrès, des possibilités et de l’impact positif sur la vie des filles adolescentes, des familles et celle de leurs communautés. Entre 2015 et 2025, plus de 1,16 million de filles du secondaire ont reçu un soutien pour rester à l'école, plus de 255 000 jeunes femmes ont été formées à des compétences professionnelles et pratiques, plus de 1,3 millions de filles et de femmes ont eu accès à des services de contraception modernes, et près de 20 000 leaders communautaires et religieux ont été mobilisés pour promouvoir des normes positives en matière de genre.
Pourtant, les besoins restent urgents, car l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale accusent un retard sur les principaux indicateurs de développement humain. Au Tchad, 78 % des filles en âge de fréquenter l'école secondaire ne sont pas scolarisées et en Mauritanie, plus de 52 % des jeunes femmes ne sont ni scolarisées, ni employées, ni en formation. Dans la région, plus de 16 millions d'adolescentes ne sont toujours pas scolarisées et un trop grand nombre d'entre elles sont déjà mariées ou enceintes.
Ces circonstances ne sont pas inévitables. Ce sont des symptômes d'une inégalité profondément ancrée, que SWEDD+, par le biais d'une réponse régionale, vise à éradiquer en stimulant la responsabilité collective à tous les niveaux ; des familles aux salles de classe, en passant par les chefs religieux et les décideurs politiques.
Le coût de l'inaction est élevé, mais l'opportunité conséquente. Alors que nous lançons la campagne Ensemble pour Elle, à l'occasion de la Journée de l'Enfant Africain, nous lançons un appel à toutes les parties prenantes - gouvernements, partenaires et communautés – à franchir un pas de plus, dépasser le stade des promesses et passer de l'engagement à l'action, en mettant en place les ressources et les politiques nécessaires à l’épanouissement et la réussite des adolescentes et des femmes.
Inspirées et soutenues par les interventions SWEDD+, les histoires d’adolescentes filles telles que celle des débuts de Kadiatou peuvent devenir l'exception plutôt que la règle à laquelle sont sujettes de trop nombreuses filles de la région. SWEDD a montré ce qu'il était possible d’accomplir. La voie à suivre est claire. Il est temps d'agir plus rapidement, de passer à l'échelle supérieure et d'écouter plus attentivement. Car lorsque les filles sont entendues, les communautés s'élèvent.
Pour plus d'informations, visitez le site www.sweddafrica.org