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La lutte contre la violence basée sur le genre et les normes sociales néfastes en Afrique de l'Ouest fait un pas en avant lors de l'atelier régional SWEDD

SWEDD is an innovative project that works with African countries to empower women and girls, and improve their access to quality reproductive, maternal and child health services.

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La lutte contre la violence basée sur le genre et les normes sociales néfastes en Afrique de l'Ouest fait un pas en avant lors de l'atelier régional SWEDD

15 octobre 2024

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Saly, Sénégal - Comment mettre fin aux mutilations génitales féminines ? Pourquoi le mariage des enfants est-il encore si répandu ? Pourquoi la masculinité positive est-elle imperceptible dans nos communautés ? Telles étaient les questions pressantes au cœur d'un atelier critique qui s'est tenu à Saly, au Sénégal, du 9 au 13 septembre 2024. Plus de 50 représentants de 13 pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale se sont réunis pour aborder le problème profondément enraciné de la violence fondée sur le genre dans la région.

 

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L'atelier de renforcement des capacités, organisé dans le cadre du projet SWEDD, en collaboration avec l'unité Genre et droits de l'homme de l'UNFPA, a mis en évidence le rôle essentiel de l'éducation et de l'engagement communautaire dans la transformation de ces normes. Grâce à des sessions conçues pour doter les participants d'outils pratiques, l'atelier a mis l'accent sur des stratégies fondées sur des preuves pour remettre en question ces pratiques tout en respectant les valeurs culturelles des communautés concernées.

Avec le soutien de Plan International, de Tostan et de la Banque mondiale, l'atelier visait à favoriser une meilleure compréhension de ces questions, démontrant un engagement commun à créer un avenir où toutes les femmes et les filles de la région peuvent vivre sans violence ni discrimination.

>> Regardez la vidéo de l'atelier

 

Favoriser le changement par l'éducation et le dialogue

L'un des principaux enseignements de l'atelier est l'importance de l'éducation pour changer les croyances de longue date. Une participante a fait part d'un témoignage personnel émouvant qui souligne la nécessité d'une compréhension et d'un dialogue plus approfondis dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF).

« Avant, je croyais beaucoup aux mutilations génitales féminines », a-t-elle révélé. « Mais j'ai suivi le cours et les modules sur la santé, et j'ai appris à connaître les organes féminins sans y être forcée. J'ai compris les dangers et j'ai commencé à sensibiliser les gens. Lorsque j'ai dit à ma mère que je ne voulais pas exciser ma fille, elle a refusé. C'est une femme très conservatrice et traditionnelle, et pour elle, il était inconcevable de ne pas pratiquer l'excision. Elle m'a dit : « Tu as été excisée, pourquoi fais-tu cela ? » Mais je me suis efforcée de lui donner des arguments convaincants et j'ai continué à essayer de lui faire comprendre.

>> Regardez la vidéo sur la lutte contre les MGF

Malgré ses efforts, la vision traditionnelle de sa famille a prévalu, avec des conséquences dévastatrices.

« Le jour où je suis allée signer mon contrat de travail, elle a excisé ma fille. C'était très choquant. J'ai perdu ma fille. J'ai eu du mal à surmonter cette épreuve. C'est à ce moment-là qu'elle a compris qu'elle avait fait quelque chose de terrible. Cela m'a donné la force de continuer à lutter contre les MGF."

Son témoignage illustre les difficultés culturelles et familiales qui persistent autour des MGF et souligne le besoin crucial d'éducation et de dialogue au sein des communautés.

Des modules et des sessions clés au service de l'apprentissage

L'atelier s'est articulé autour d'une série de sessions interactives conçues pour renforcer la capacité des participants à diagnostiquer les normes sociales néfastes et à concevoir des interventions efficaces. L'accent a été mis sur l'équipement des participants avec des outils tels que la boîte à outils sur les normes sociales et l'ensemble de services essentiels (ESP) pour les femmes et les filles. Ces ressources fondées sur des données probantes ont permis aux participants de comprendre la complexité des pratiques néfastes telles que les MGF, d'identifier les dynamiques sociales sous-jacentes et de mettre en œuvre des solutions appropriées.

 

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Dr Nafissatou Diop, directrice du projet SWEDD a UNFPA WCARO pendant l'atelier

Une session particulièrement intéressante a permis aux participants de découvrir le programme d'autonomisation communautaire (CEP) de Tostan, un modèle qui a permis de mener avec succès des initiatives communautaires visant à promouvoir les droits de l'homme et l'égalité des sexes. Cette approche, qui comprend l'éducation non formelle, l'alphabétisation et des activités génératrices de revenus, a permis de réduire de manière mesurable les pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines dans de nombreuses communautés. La session a démontré que l'engagement communautaire et le leadership local sont essentiels pour parvenir à un changement durable.

>> Regardez comment Tostan a eu un impact

Une autre session très utile s'est concentrée sur l'approche centrée sur la survivante dans la gestion des cas de violence liée au genre. Les participants ont été formés pour s'assurer que la sécurité, le bien-être émotionnel et les droits des survivants sont prioritaires tout au long du processus de gestion des cas de violence liée au sexe. Cette session a mis l'accent sur l'importance de la coordination multisectorielle - réunir les prestataires de soins de santé, les professionnels du droit et les travailleurs sociaux afin de fournir des soins et un soutien complets aux survivants.

Les participants se sont également livrés à des exercices pratiques, notamment le diagnostic des normes sociales et l'élaboration de stratégies visant à les modifier. Un exercice a guidé les participants dans la création de déclarations publiques visant à influencer les comportements de la communauté, similaires à celles utilisées en Éthiopie pour lutter contre les mutilations génitales féminines. L'importance d'atteindre une « masse critique » au sein des communautés, où suffisamment de membres adoptent de nouvelles pratiques pour inspirer un changement plus large, a été soulignée comme une stratégie clé pour transformer les normes néfastes.

 

Perspectives d'avenir : Plans d'action pour le changement

À la fin de l'atelier, chaque pays participant a présenté un plan d'action visant à renforcer les interventions dans leurs communautés. Ces plans ont été adaptés aux défis sociaux et culturels spécifiques auxquels chaque pays est confronté, en mettant l'accent sur la transformation des pratiques néfastes par l'éducation, l'engagement communautaire et la réforme des politiques.

 

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L'événement a non seulement permis aux participants de bien comprendre comment remettre en question les normes sexistes néfastes, mais il a également facilité la collaboration entre les pays et l'apprentissage partagé. À l'avenir, la mise en œuvre réussie de ces plans nationaux, associée à un soutien technique continu, sera essentielle pour maintenir l'élan généré lors de l'atelier.


Ce rassemblement régional a constitué une étape importante vers la réalisation des objectifs plus larges de l'égalité des sexes et de l'élimination de la violence fondée sur le genre en Afrique de l'Ouest et du Centre. Grâce à une combinaison d'interventions basées sur des preuves, de témoignages personnels et de stratégies de collaboration, les participants ont quitté l'atelier avec les connaissances et les outils nécessaires pour conduire des changements significatifs dans leurs communautés respectives.