Financé par la Banque mondiale et bénéficiant de l'assistance technique de l'UNFPA, le programme Espace sûr du projet SWEDD couvre 28 thèmes, allant de la puberté et de la santé reproductive à la planification financière, en passant par la définition d'objectifs et la prévention de la violence. Pour beaucoup de filles qui rejoignent un Espace sûr, ces sessions sont leur première exposition à des connaissances aussi essentielles.

Kpétékan, Bénin - « Si j'avais su cela plus tôt, je n'aurais pas eu d'enfant si jeune », a déclaré une jeune fille à sa mentore de l'Espace Sûr, Clarisse Fédger-Renaud, 33 ans, du Bénin, en évoquant comment une grossesse non planifiée avait fait dérailler ses rêves. En tant que mentore du projet SWEDD au Bénin, Clarisse entend souvent de tels sentiments après avoir animé des sessions sur la santé sexuelle et reproductive, la puberté et la grossesse.

Les mentores comme Clarisse agissent comme des grandes sœurs, offrant conseils, compréhension et un espace sûr où les filles peuvent partager leurs préoccupations et leurs rêves. « Beaucoup de filles viennent me poser des questions qu'elles n'ont jamais osé poser auparavant », explique-t-elle. « Comment puis-je me protéger ? Comment concilier mes ambitions et les attentes de ma famille ? », poursuit-elle, tout en préparant la séance du jour et en disposant les chaises en demi-cercle.

Pendant quelques heures chaque semaine, les filles viennent aux réunions de groupe qui ont lieu presque partout. L'espace de sécurité mobile est une innovation de SWEDD Bénin, de sorte que la mentore se rend chez les filles si elles sont inscrites à l'école de couture par exemple, comme aujourd'hui, plutôt que de les faire se déplacer vers un autre endroit. Il peut être à l'intérieur ou à l'extérieur. Il s'agit de se sentir en sécurité pour parler de tout plutôt que d'être entre quatre murs.

Dans l'espace sûr de SWEDD, Clarisse anime des séances de développement personnel où des jeunes filles de 15 à 24 ans, dont beaucoup ne sont pas scolarisées, reçoivent des conseils qui peuvent changer leur vie. L'objectif est de renforcer leur estime de soi et de leur donner les connaissances nécessaires pour réussir. « Ce n'est pas comme une salle de classe traditionnelle où l'enseignant a toutes les réponses », dit-elle. « Ici, nous interagissons, nous partageons nos expériences à travers des jeux et des mises en situation. Les filles y voient leur propre vie se refléter et acquièrent de nouvelles perspectives. » Aujourd'hui, c'est dans la cour privée derrière l'atelier de couture que les filles apprennent à devenir couturières.

Enseigner la planification familiale

L'un des rôles clés de Clarisse est d'éduquer les filles sur la santé et les droits sexuels et reproductifs. « Nous parlons de l'importance de l'espacement des naissances et de prendre soin de son corps », explique-t-elle. « Je leur demande : « Si vous avez un bébé et un autre peu après, comment allez-vous vous en sortir ? » Elles commencent à comprendre le coût physique et émotionnel. »

Sans sourciller, Clarisse partage également ses expériences personnelles pour démystifier le sujet. « Mon mari et moi avons utilisé des préservatifs pour espacer nos enfants jusqu'à ce que notre premier ait deux ans », dit-elle. « Je dis aux filles que la planification vous donne le temps d'élever des enfants en bonne santé et heureux tout en poursuivant vos propres objectifs. »

Les sessions mettent en avant différentes options contraceptives, encourageant les filles à consulter des professionnels de la santé pour obtenir des conseils. « Choisir la mauvaise méthode ou ne pas bénéficier d'un soutien adéquat peut entraîner des problèmes », prévient Clarisse. « Nous voulons qu'elles prennent des décisions éclairées. »

Transformer des vies grâce à l'éducation

L'impact du projet SWEDD est profond. « Grâce à ces sessions, les filles découvrent leurs droits, leur corps et leur avenir », explique Clarisse. Beaucoup découvrent un potentiel inexploité et commencent à rêver plus grand. « Certaines commencent à économiser pour ouvrir des entreprises ; d'autres décident de retourner à l'école ou de suivre une formation professionnelle », ajoute-t-elle.

« Si nous pouvions tout recommencer, nous ferions encore mieux », réfléchit Clarisse. « Les filles gagnent tellement de ces espaces sûrs, pas seulement en connaissances, mais aussi en confiance, en ambition et en espoir. »