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A modern monarch : The Queen of the Adjas navigates tradition and law to empower women

SWEDD is an innovative project that works with African countries to empower women and girls, and improve their access to quality reproductive, maternal and child health services.

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Une monarque moderne : la Reine des Adjas navigue entre tradition et droit pour autonomiser les femmes

21 février 2025

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Les dirigeants communautaires du Bénin, avec le soutien de l'UNFPA par le biais du projet SWEDD financé par la Banque mondiale, mènent des efforts pour promouvoir l'éducation des filles et éliminer les pratiques néfastes. Dotés des outils et des connaissances nécessaires pour inspirer le changement, ces dirigeants, hommes et femmes, favorisent un changement culturel qui valorise l'égalité des sexes et autonomise les jeunes femmes.

KOUFO, BÉNIN — « Aujourd'hui nous avons un spectacle », dit Sa Majesté, la reine Adjiyon Tordjiv Akabu, connue comme la Reine des Adjas au Bénin, en montrant la cour animée de son palais rural, où des dizaines de membres de la communauté sont assis sur des rangées de chaises à l'ombre d'une bâche bleue. Un groupe de jeunes joue une pièce. L'intrigue ? Un jeune homme, connu pour courir les filles, se retrouve repoussé par des femmes émancipées qui ont été informées de leurs droits grâce à des programmes soutenus par le projet SWEDD mis en place avec l'aide de l'UNFPA.

 

« C'est ainsi que nous apportons le changement : par le dialogue, par la compréhension », dit-elle d'un ton neutre et déterminé. Malgré le sérieux du sujet, le sketch est habilement transmis par la comédie et la foule éclate bientôt de rire et d'applaudissements.

La reine des Adjas, une silhouette de petite taille mais imposante, aux cheveux courts et au comportement chaleureux mais résolu, n'est pas une reine typique. Avocate de formation, elle a fait de son trône une tribune pour défendre et promouvoir les droits des femmes et des filles dans une région où la tradition les prive souvent de leur voix. Elle est présidente du Réseau des femmes religieuses et leaders traditionnelles du Bénin (NWRTLB). « En tant que femme, en tant que fille, puis en tant qu'épouse, j'ai vécu des expériences que je ne voudrais jamais voir d'autres personnes endurer », confie-t-elle. « C'est ce qui me motive. »

Un règne révolutionnaire

Sa Majesté n'avait que 30 ans lorsqu'elle a été couronnée chef suprême des Adjas, un événement sans précédent dans une communauté où les femmes ont longtemps été exclues des rôles de leadership. « Ce fut un choc », se souvient-elle. « Les femmes n'avaient pas voix au chapitre. Elles n'héritaient pas des biens. Mon ascension a remis tout cela en question. J'ai réalisé que j'avais l'occasion d'avoir un impact positif sur ma communauté, de montrer que les femmes peuvent diriger aussi efficacement que les hommes, voire mieux.

 

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La Reine des Adjas, à Koufo, au Bénin, avec des membres de sa famille chez elle.

Les programmes lancés sous sa direction, souvent en partenariat avec SWEDD et l'UNFPA, ont abordé des questions allant de la violence sexiste au mariage des enfants. En impliquant les chefs religieux et communautaires dans les discussions sur l'autonomisation des femmes et la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR), elle a commencé à démanteler des barrières culturelles profondément ancrées.

« Si nous voulons aller de l'avant, nous devons emmener tout le monde avec nous », explique-t-elle. « Les hommes, les anciens, les chefs : leur adhésion est cruciale. »

Tolérance zéro pour la violence

La reine est inébranlable lorsqu'il s'agit de lutter contre la violence sexiste. « Lorsque les cas de violence sont avérés, nous n'acceptons plus la conciliation », affirme-t-elle. « Nous appliquons des sanctions. Pourquoi ? Pour décourager les autres. » Cette position ferme a envoyé un message clair à l'ensemble de sa communauté : l'impunité n'est plus tolérée.

 

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Sensibiliser par le théâtre : Le scénario ? Un jeune homme, connu pour faire la cour aux filles,
se fait rejeter par des femmes émancipées qui ont été informées de leurs droits grâce à ​​​​des programmes soutenus par le projet SWEDD.

 

Sous sa direction, des mesures concrètes ont été prises. « Nous avons libéré des enfants de couvents, ramené des filles qui avaient été soumises à des rituels néfastes et aidé des adolescentes à reprendre leurs études et leur apprentissage », raconte-t-elle. L'une des réalisations les plus remarquables a été l'emprisonnement d'enseignants qui avaient harcelé des écolières. « Ces actions démontrent notre détermination et notre engagement ferme à lutter contre la violence sexiste. Et cela a un impact ici », dit-elle.

Cette approche proactive a non seulement créé des espaces plus sûrs pour les femmes et les filles, mais a également déclenché un changement culturel. La communauté comprend désormais que la violence aura des conséquences, ce qui favorise un environnement où les survivantes se sentent soutenues et où les auteurs sont tenus responsables.

Changer des vies, un dialogue à la fois

Le palais de la reine est devenu un centre d'engagement communautaire. Les représentations théâtrales, comme celle d'aujourd'hui, ne sont qu'un des outils qu'elle utilise pour susciter des conversations. Au-delà des représentations, Sa Majesté organise des ateliers et des dialogues qui rassemblent des acteurs de tous les horizons sociaux. « Lorsque nous discutons de questions telles que le mariage des enfants ou l'autonomie économique des femmes, nous ne prêchons pas. Nous posons des questions, nous écoutons et nous les laissons tirer leurs propres conclusions », dit-elle.

Ses efforts ont conduit à des changements mesurables. Dans sa communauté, le nombre de filles qui terminent leurs études secondaires a augmenté, et les cas de violence sexiste sont de plus en plus signalés et traités. Les chefs traditionnels qui résistaient autrefois à ses initiatives les défendent désormais. « Nous avons vu des jeunes filles se libérer de traditions néfastes et des hommes se positionner comme des alliés. C'est l'impact du dialogue », dit-elle.

La résistance, cependant, est loin d'être chose du passé. « Beaucoup d'hommes craignent que si les femmes deviennent indépendantes financièrement, elles abandonnent leur famille », dit Sa Majesté. « Mais nous leur montrons des exemples de la façon dont l'autonomisation des femmes renforce des ménages entiers. »

L'une de ses stratégies clés a été de se concentrer sur la jeunesse. « La génération plus âgée est souvent figée dans ses habitudes, mais les jeunes sont ouverts aux nouvelles idées », dit-elle. Ses programmes mettent l'accent sur le rôle de la masculinité positive, encourageant les jeunes hommes à se considérer comme des partenaires dans l'égalité des sexes.

 

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Sa Majesté est informée des problèmes de la communauté lors de sessions spéciales à sa cour royale et se réunit avec les anciens pour décider des mesures à prendre pour résoudre les problèmes.

 

Le rôle de la loi et de la tradition

En tant qu'avocate, la reine Adjiyon comprend l'importance des cadres juridiques. « Les lois au Bénin sont de plus en plus favorables aux droits des femmes », note-t-elle, citant la législation récente visant à lutter contre la violence à l'égard des femmes. Mais les lois ne suffisent pas. « Nous devons veiller à ce qu'elles soient comprises et appliquées au niveau communautaire. C'est pourquoi nous impliquons les chefs traditionnels, afin de combler le fossé entre les lois modernes et les pratiques culturelles. »

Elle s'efforce de faire connaître les lois existantes destinées à protéger les droits des individus, tout en respectant l'héritage spirituel de sa communauté. « Il s'agit de trouver un équilibre », dit-elle. « Préserver la culture tout en veillant à ce qu'elle évolue dans le respect des droits de chacun. »

Ses efforts ont permis de réformer des traditions ancestrales. Les rituels qui obligeaient autrefois les veuves à porter le deuil pendant neuf mois ont été réduits à trois mois, ce qui permet aux femmes de reprendre plus rapidement le cours de leur vie. Les filles autrefois confinées aux rituels vaudous ont désormais le temps d'aller à l'école. Au Bénin, le vaudou est profondément ancré dans les pratiques culturelles et spirituelles, mais il peut aussi poser des problèmes, surtout lorsque les rituels entrent en conflit avec les lois modernes et les droits de l'homme. Sa Majesté arrive a aborder ces complexités, navigant à l'intersection de la tradition et de la légalité.