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«Aujourd'hui, les jeunes filles sont plus conscientes de leurs droits qu'auparavant»
06 juin 2024
Animatrice d’un espace d’éducation dans le cadre du projet SWEDD, cette habitante de Legrane, une localité de 30 000 habitants située à 645 km de Nouakchott, participe à la lutte contre les pratiques néfastes à l’égard des jeunes filles.
Oum Koulthoum Tolba, 38 ans, fait partie des membres de l’Association des femmes volontaires du développement (AFVD), axée sur le développement, la santé reproductive et la sensibilisation des femmes contre les pratiques néfastes, dont les mariages d’enfants. Elle a intégré le projet SWEDD par le biais d’une formation organisée dans sa localité. « Après cette sélection, nous avons participé à une formation à Kiffa aux côtés d’autres femmes des communes de la wilaya de l’Assaba, dont fait partie Legrane. Ensuite, nous avons repris le modèle de cette formation au profit des bénéficiaires du programme ».
Plus de 60 jeunes filles suivent ainsi des cours sur leurs droits, l’éducation et l’entrepreneuriat féminin. Elle a observé une « véritable transformation dans la vie des personnes ainsi formées, grâce à leur prise de conscience de leurs droits et devoirs, qu’elles ignoraient auparavant ».
Certaines ont fait preuve de courage en reprenant leurs études, qu’elles avaient abandonnées en raison de leur mariage précoce. D’autres envisagent d’aller à l’université et rêvent d’occuper plus tard des postes importants. En Mauritanie, 35 % des filles sont mariées avant 18 ans, l’âge légal du mariage. L’âge moyen du mariage pour les filles non instruites se situe à 15,9 ans selon un rapport publié en 2013 par l’Office national de statistiques (ONS).
« L’hostilité des populations à l’égard de l’éducation des filles, ainsi que la pratique du mariage précoce, sont le résultat du poids des croyances populaires infondées qui réduisent l’existence de la femme à son rôle au foyer, explique Oum Koulthoum Tolba. Autrefois, l’ambition de toute famille se limitait au mariage de leur fille, le plus tôt possible. C’est ce qui explique la prépondérance d’une certaine pratique de gavage des jeunes filles, pour qu’elles répondent à un canon de beauté voulant qu’elles soient prêtes à la noce. Mais ces mentalités féodales sont en cours de régression ».
Oum Koulthoum Toba est aussi présentatrice d’une émission, « Affaires sociales », diffusée par la radio de Kiffa, qui traite du divorce, de l’éducation des filles et de la protection de la mère et de l’enfant. Grâce à ces activités, l’animatrice dit exercer une influence positive sur son entourage : « Aujourd’hui, tous les membres de ma famille partagent mes idées, et sont conscients de l’obligation d’éduquer les jeunes filles, ce qui paraissait auparavant inutile à leurs yeux, voire même interdit ».
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