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Karima : une nouvelle série animée ouvre le dialogue sur les droits des filles au Tchad
07 mai 2025
Dans le village aride et ensoleillé d'Illalsalam, au nord du Tchad, une jeune fille de 12 ans nommée Karima commence sa journée avant le lever du soleil. Elle balaye la cour, prépare le thé avec sa mère et se dépêche d'emprunter des chemins dangereux pour se rendre à l'école. C'est un rythme familier, non seulement au Tchad, mais aussi dans de nombreuses régions d'Afrique de l'Ouest et centrale. Ce qui distingue Karima, c'est qu'elle est fictive et que sa voix touche désormais des milliers de filles comme elle.
Karima est une nouvelle série animée entièrement produite au Tchad dans le cadre des activités SWEDD+ dans le pays, conçue pour s'adresser directement aux adolescentes confrontées aux pressions de la tradition, des obligations familiales et de leurs propres ambitions.
Dans la série, Karima est brillante, curieuse et profondément respectueuse de sa culture. Mais elle commence aussi à se poser des questions. Dans un épisode, elle lève les yeux vers sa mère et lui demande : « Dans notre communauté, la tradition est une source de fierté... mais est-elle toujours juste ? » Ce n'est pas une attaque, c'est une réflexion. La série est remplie de moments comme celui-ci : intimes, désarmants et discrètement provocateurs.
Des intrigues inspirées de situations réelles
Le récit évite tout didactisme lourd. Il présente plutôt des situations quotidiennes – des filles aidant leur mère, des garçons plaisantant après l'école, des femmes allant chercher de l'eau ou bavardant à l'ombre – et laisse la tension se développer à travers les relations.
L'un des arcs narratifs suit Adjiné, la tante de Karima, qui arrive enceinte et visiblement épuisée. Karima, sensibilisée par ses cours de biologie à l'école, s'inquiète et lui suggère de se rendre au centre de santé local. Ce qui commence comme une réunion de famille devient une introduction en douceur au concept des soins maternels et au rôle des sages-femmes qualifiées, un sujet encore sensible dans de nombreuses zones rurales.
Une autre intrigue est centrée sur Geneviève, la camarade de classe de Karima, dont le père annonce brusquement son mariage arrangé. L'épisode ne se termine pas par un sauvetage ou un revirement, mais par la confusion, le chagrin et une résistance silencieuse. Il soulève une question difficile : que se passe-t-il lorsque le désir d'étudier se heurte à l'attente qu'une fille se marie à 13 ans ?
Réalisé au Tchad pour les jeunes et les aînés
Ces récits sont ancrés dans le dialogue entre mères et filles, amis et aînés, tradition et choix personnels. La série a été développée avec des écrivains, des comédiens et des artistes locaux, et entièrement produite au Tchad. Son style visuel est simple, accessible et familier. Son objectif est clair : aider les filles à comprendre qu'elles ne sont pas seules.
Le projet SWEDD+, financé par la Banque mondiale et mis en œuvre avec l'assistance technique du FNUAP en coordination avec les gouvernements nationaux, vise à améliorer les conditions de vie des filles et des femmes dans tout le Sahel. Au Tchad, la série s'inscrit dans le cadre d'un effort plus large visant à élargir l'accès à l'éducation, à la santé et à l'information.
Des projets tels que Karima visent à changer le discours, à créer un espace où les filles peuvent se voir non pas comme de futures épouses ou des aidantes, mais comme des penseuses, des rêveuses et des leaders.
Chaque épisode s'articule autour d'une question et se termine souvent sans réponse claire. Ce faisant, il invite les spectateurs, en particulier les jeunes filles, à réfléchir, à discuter et à se forger leur propre opinion.
La série animée Karima est disponible sur la chaîne YouTube officielle de Karima SWEDD YouTube channel