Kpétékan, Bénin - « Je peux parler librement maintenant, sans me sentir gênée », déclare Alexandrie Amoussou, une apprentie couturière de 22 ans originaire de Zunta, un village tranquille du district d'Ouadémipédia au Bénin. Pour Alexandrie, les espaces sûrs SWEDD ont changé la donne, l'aidant à prendre confiance en elle et à s'informer sur sa santé et ses droits sexuels et reproductifs.

Les sessions, qui se déroulent à l'école primaire locale de Pété-Camp, rassemblent une trentaine de jeunes femmes. Elles participent à des jeux de rôle, à des ateliers et à des discussions ouvertes sur des sujets allant des soins personnels et de la communication à la santé reproductive et à l'égalité des sexes. L'atmosphère est encourageante et interactive, ce qui permet aux filles de poser des questions librement et de partager leurs expériences. « Ce n'est pas comme une salle de classe ordinaire », explique Alexandrie. « Ici, nous apprenons les unes des autres et nous grandissons ensemble. »

Apprendre à communiquer renforce la confiance en soi

Au Bénin, le projet SWEDD aborde des questions essentielles telles que l'inégalité entre les sexes, le mariage précoce et le manque d'accès à l'éducation et aux soins de santé pour les femmes et les filles. Financé par la Banque mondiale et mis en œuvre avec le soutien technique de l'UNFPA, le programme vise à autonomiser les femmes et à promouvoir les dividendes démographiques en investissant dans leur éducation, leur santé et leur leadership.

Les espaces sûrs comme celui qu'Alexandrie fréquente sont des éléments clés du projet, car ils permettent aux jeunes femmes d'acquérir des connaissances, de la confiance et des outils pour se construire un avenir meilleur. Ces espaces mettent l'accent sur l'apprentissage par les pairs et le soutien communautaire, favorisant la résilience et l'ambition des participantes.

« Avant, j'étais timide et j'évitais d'être entourée de gens », se souvient Alexandrie. « J'avais peur de prendre la parole parce que je pensais que les autres n'apprécieraient pas ce que j'avais à dire. » Les séances sur la communication ont été particulièrement transformatrices pour elle. Grâce aux activités et aux discussions, elle a appris à s'exprimer et à partager ses pensées. « Maintenant, je peux parler en public, jouer avec mes amis et partager mes idées sans avoir honte », dit-elle, son sourire chaleureux reflétant sa nouvelle confiance en elle.

Au Bénin, plus de 53 000 filles ont bénéficié du programme Safe Space qui comprend 28 sessions. Pour de nombreuses participantes, c'est la première fois qu'elles sont exposées à des informations aussi importantes.

Comprendre son propre corps et sa santé

Les espaces sûrs ont également ouvert les yeux d'Alexandrie en matière de santé et de planification familiale. « Avant, je ne comprenais pas mes règles et je ne savais pas ce qu'était l'ovulation », admet-elle. « Maintenant, je sais comment gérer ma santé et prendre des décisions éclairées sur mon avenir. » Les séances sur le planning familial lui ont appris l'importance de l'espacement des naissances et de la planification des enfants selon ses propres conditions. « C'est valorisant de savoir que je contrôle cette partie de ma vie », dit-elle.

Le programme a également modifié la vision d'Alexandrie sur les rôles des hommes et des femmes. « Le rôle de la femme est essentiel car elle éduque les enfants et, à travers eux, la société tout entière », dit-elle. Alexandrie envisage un avenir où elle et son mari partageront les responsabilités de manière égale. « Nous sommes égaux ; nous devons contribuer de manière égale à la famille et à la communauté », ajoute-t-elle.